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Avancer mais à quel prix
7 mars 2008

Les nouveaux Pauvres ...

i11cBonjour,

Un travailleur pauvre en plus et du chômage en moins, permet à la côte de celui-ci de baisser au point que l’on s’en félicite pour souffler ses résultats dans les trompettes de la renommée d’un président élu depuis 9 mois seulement. Et l’on voudrait nous faire croire que la France profonde est heureuse de cette statistique qui ne l’aide nullement à remplir son panier de la ménagère de plus en plus vide, payer ses charges de plus en plus hautes et rire en se tapant sur le ventre creux qui sert à vanter les mérites de la bonne nutrition et de l’équilibre mental. Mais de qui se moque-t-on ? Que l’on nous prenne pour des vaches à lait ne suffit pas à ce gouvernement qui semble oublier combien nous sommes pris dans la tourmente de ses réformes promises certes dont notre pays à besoin probablement, mais qui prennent le pas sur un pouvoir d’achat qui ne cesse de dégringoler pour les femmes, les petites retraites.. les nouveaux pauvres, de plus en plus nombreux face à des responsables politiques qui s’en soucient peu !

Samie.

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Le pauvre : une valeur médiatique en hausse !
Travailleurs pauvres, précaires, caissières, sans-grade… Les « invisibles » de la République ont envahi nos écrans. Habile charité médiatique ou simple détournement du regard pour éviter de se poser les seules questions qui valent : l'égalité et la justice sociale.

Gérard Mordillat, auteur de Notre part des ténèbres (Calmann-Lévy) « Dis papa, pourquoi ils sont pauvres, les pauvres ? », c'est la question que pourrait poser un bambin de la génération Sarkozy élevé au 13 heures de Jean-Pierre Pernaut et pris entre le célèbre « quand on veut, on peut » et le plus présidentiel « travailler plus, pour gagner plus ». Autant de rengaines qui induisent que la misère ou la pauvreté sont toujours moins subies que choisies. Pourtant, depuis quelques temps, entre l'élection présidentielle et la montée en puissance des questions liées au pouvoir d'achat et à la précarité, les « travailleurs pauvres » sont devenus le sujet à la mode, au point qu'il est difficile d'allumer sa télé sans tomber sur « Martine, serveuse à temps partiel qui élève seule ses enfants et n'arrive pas à joindre les deux bouts ». Récemment, le monde médiatique a même découvert le métier de caissière et ses dures conditions de travail. D'où ce paradoxe cruel : le pauvre deviendrait-il « bankable » ?

Problématiques sociales : Un feu de paille ?
Les journalistes issus de la tradition - quasi disparue, c'est en soi symptomatique - du journalisme social affichent un profond scepticisme. Ainsi de Jacques Cotta. L'auteur du livre « 7 millions de travailleurs pauvres » estime qu'effectivement « la réalité du calendrier est l'occasion d'un revirement médiatique. Il y a la publication du livre vert de Martin Hirsch sur la réduction de la pauvreté, les questions liées au pouvoir d'achat, peut-être aussi un contrecoup des effets d'annonces de Nicolas Sarkozy, de son attitude, une sorte d'effet de contraste avec la débauche sarkozyenne. Mais il me semble difficile de dire qu'il s'agit d'une préoccupation objective des médias. Je crois plutôt que la pression devient trop forte et que ces questions deviennent incontournables. ».
Réalisateur des documentaires « les prolos » ou « silence dans la vallée », le journaliste Marcel Trillat n'y voit, pour sa part, rien de plus qu'un « feu de paille. Evidemment que certains journalistes font leur travail, lorsque la pression est trop forte l'étau se relâche un petit peu. Depuis que l'hystérie sarkozyenne est un peu retombée, certains organes de presse se remettent à faire leur boulot mais de là dire qu'ils sont touchés par la grâce d'un journalisme social…Le discours dominant c'est quand même que la classe ouvrière ne sert plus à rien et n'intéresse personne ».

Un travailleur pauvre en plus, un chômeur en moins !
Quant au livre vert de Martin Hirsch, Jacques Cotta y voit un élément essentiel de la stratégie présidentielle : « Il porte la bonne parole sociale, permet à Sarkozy de s'exonérer de ses responsabilités et fait la jonction entre la droite et la gauche. Pour ça il fallait un chrétien de gauche : c'est Martin Hirsch. Mais derrière tout cela il y a une vaste escroquerie intellectuelle. Quand j'ai sorti mon livre 7 millions de travailleurs pauvres, on m'a traité de dingue. Mais la réalité, c'est que depuis que Sarkozy est là, il y en a 200.000 de plus. Le chômage a baissé, mais c'est surtout grâce aux contrats aidés de Borloo. Or, ces contrats, ce sont 400.000 personnes au niveau du seuil de pauvreté. De même, l'idéologie qui sous-tend le projet RSA de Martin Hirsch, c'est que les gens ne veulent pas bosser et qu'on va les mettre au travail : un rmiste en face d'un emploi. Le RSA vise à liquider les droits existants. Les médias n'abordent jamais ces questions mais peut-être que je leur en demande trop. Cela tient peut-être même au média en lui-même, la télévision s'adresse essentiellement à l'émotionnel et ne peut s'intéresser qu'à l'écume des choses ».

Du journalisme compassionnel et de ses dérives
Réduits à une suite de statistiques qui masque opportunément des réalités humaines bien trop anxiogènes, les précaires ou travailleurs pauvres sont souvent présentés comme les invisibles de la société.
Auteur du roman à succès « les vivants et les morts », l'écrivain et documentariste Gérard Mordillat va plus loin dans l'analyse estimant qu'ils sont un commode alibi médiatique: « cette représentation du travail qui est toujours celle de la misère relève du journalisme compassionnel ! Au prétexte de montrer la réalité, on la cache. Aujourd'hui, majoritairement, l'image du travail renvoyée par les médias, c'est la déqualification, les petits boulots, l'intérim, la précarité. L'ouvrier est, par exemple, nécessairement un abruti. C'est une vision très dépréciative du travail. Or le travail, ce n'est pas que ça ».
Adepte d'une littérature de combat, Gérard Mordillat entend dans son dernier ouvrage « Notre part des ténèbres » présenter une « intelligence ouvrière » : « Les ouvriers, quel que soit le domaine où ils exercent, sont des personnes qui possèdent un savoir, un savoir professionnel qui mérite autant de respect que le savoir universitaire. La société française ne veut pas représenter le monde du travail comme porteur de mémoire, porteur de savoir. A partir du moment où l'on s'intéresse à ces questions, il faut nécessairement les montrer comme appartenant à une catégorie seconde. Sinon, c'est Ken Loach, une fois par an. C'est très bien Ken Loach, mais pour moi, il a la même fonction que la carte de l'excuse au tarot ».

Les signes de la charité plutôt que le questionnement des droits à l'égalité
Et d'ajouter que la composition de la « population journalistique » comme du capital des principaux médias expliquent, aussi en partie, ce détournement du regard médiatique. « Pour autant, je ne dis pas que ni les journalistes, ni les sociologues ou les philosophes ne peuvent rendre compte de ces réalités, mais en tant qu'écrivain, le roman est, pour moi, le dernier grand espace de liberté d'expression totale. Rendre le réel visible, c'est aussi le meilleur moyen de lutter contre la peur, celle que Sarkozy, le MEDEF et toutes les forces réactionnaires et conservatrices entretiennent. Une peur fantasmatique qui sert à nous détourner du réel. Sous prétexte que l'insurrection, ça fait peur, on veut la voir disparaître. Moi, je crois au contraire qu'il faut la réinventer ! Il n'y a aucune raison de renoncer à lutter, à combattre, à dire « non » à la politique gouvernementale actuelle. D'un côté des mesures ultra-répressives contre les plus démunis, de l'autre, l'exaltation du marché présenté comme le bonheur suprême, la source de la félicité dans un monde où la charité a remplacé l'égalité ».
Ce n'est pas nouveau : analysant l'iconographie de l'Abbé Pierre dans « Mythologies », Roland Barthes écrivait déjà : « je m'inquiète d'une société qui consomme si avidement l'affiche de la charité, qu'elle en oublie de s'interroger sur ses conséquences, ses emplois et ses limites. J'en viens alors à me demander si la belle et touchante iconographie de l'abbé Pierre n'est pas l'alibi dont une bonne partie de la nation s'autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice ».

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Gérard Mordillat, auteur de Notre part des ténèbres (Calmann-Lévy)  pour le journal Marianne.

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