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Avancer mais à quel prix
19 février 2008

La grogne ...

gif_idefix_osBonjour,

Il suffit de nous rendre au supermarché, ou sous la halle, au marché, pour entendre le grondement sourd d'une certaine catégorie de la population française qui a de grandes difficultés à joindre les deux bouts.. et bien que des promesses aient été faites, il y a neuf mois de cela, rien ne vient s'agissant de notre pouvoir d'achat qui dégringole à vue d'oeil. Et pendant ce temps, l'on nous parle de l'attitude à adopter pour nos enfants à l'école primaire, eux que de nombreux parents peinent à nourrir.

Samie.

Sarkozy : la contre-attaque au canon
la chronique de Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.

Les sarkozystes se sont réveillés ! Sonnés par les sondages, désorientés par les frasques de leur chef, malmenés par les parlementaires angoissés, ils semblaient marcher d'un pas engourdi vers le grand sommeil de la défaite municipale. Et c'est le président en personne qui les a secoués, qui a sonné l'alarme, rappelant quelques-unes de ses maximes guerrières préférées : « Le meilleur moyen de perdre une bataille, c'est de ne pas la livrer », et encore « lorsque la situation semble mal engagée, c'est le moment précis où il faut attaquer car l'adversaire trop confiant n'est plus sur ses gardes ».

En avant ! C'est l'Elysée qui a donc lancé l'ordre de la charge, - et pas de quartiers ! - c'est François Fillon qui a donné le ton, celui du canon. Le Premier ministre en effet n'a pas fait dans la dentelle en dénonçant « la chasse à l'homme » dont serait victime le président. Un président qui subit, selon lui, « des attaques d'une violence inégalée dans l'histoire de la Ve République ». Rien que ça ! Comme si Charles de Gaulle pour ne prendre que cet exemple n'avait pas subi des mises en cause plus radicales. Sans parler des attentats qui l'ont personnellement directement visés…

Mais le chef du gouvernement pratique l'amalgame, comme les ministres et les dirigeants de l'UMP qui monteront au front ensuite, mélangeant les mises en cause de la vie privée de Nicolas Sarkozy et les critiques contre sa pratique monarchique du pouvoir, que met en exergue un « appel à la vigilance républicaine » publié par l'hebdomadaire Marianne et signé par 17 personnalités allant du communiste André Gérin au centriste Maurice Leroy en passant par le trio majeur, Bayrou, Royal, Villepin. « Une conjuration de perdants », « une coalition d'aigris », « une camarilla de battus », ont dénoncé les conseillers élyséens et les porte-parole de l'UMP comme Yves Jégo, qui est allé jusqu'à parler de « terrorisme intellectuel visant à abattre le président ». Alors que la ministre des universités, Valérie Pécresse, n'hésitait pas à accuser les signataires de cet appel « d'utiliser la République pour régler des comptes personnels ». On entendait même le d'ordinaire plus discret Roger Karoutchi, ministricule aux relations avec le Parlement, dénoncer « une presse des années 30 », pendant que le député sarkozyste, Frédéric Lefevbre, stigmatisait « l'acharnement pathétique de ceux qui veulent déstabiliser le chef de l'Etat ». Bref, chacun en rajoutait dans l'outrance, c'était la grande surenchère dans la victimisation du président, le pauvre petit…

Les sarkozystes découvraient soudain la sacralisation du président monarque. Interdit de critiquer le chef de l'Etat. Le voilà devenu intouchable, au-dessus de la mêlée et des remugles méphitiques de l'amertume. Tous derrière, tous devant, tous autour de lui pour défendre l'élu du peuple contre les barbares qui prétendraient contester indûment le vote populaire présidentiel ! Le président, la patrie est en danger ! Tout ça pour un texte de rappel aux grands principes de la laïcité républicaine… Mais la manœuvre cette fois est bien orchestrée. Les ministres et le premier d'entre eux d'abord ne cessent de rivaliser de mots et de proclamations matamores.

Il faut dire ques les excellences ont été tancées, à commencer par François Fillon, surnommé à l'Elysée le planqué, gourmandés par le chef de l'Etat qui trouvait qu'à l'exception notable de Rama Yade, personne ne le défendait, qu'il saurait donc s'en souvenir lors du prochain remaniement. L'avertissement a été entendu et l'on se bouscule désormais pour monter au fenestron télévisuel, afin de prendre la défense d'un monarque qui lui-même ne cesse d'allumer des incendies pour provoquer d'autres émotions et protestations qu'il utilise ensuite comme la preuve de la conjuration de l'immobile et des archaïques. Comment mieux démontrer l'existence d'un complot qu'en suscitant des oppositions confuses dont la confusion même serait la preuve du corporatisme ou de l'immobilisme pervers. Partout où Sarkozy passe, les tréteaux et les plateaux s'enflamment ; la fumée masquant les vraies difficultés sur le pouvoir d'achat.

A l'Elysée, certains croient, ou veulent croire, que cette contre-attaque a déjà provoqué des effets positifs. L'électorat sarkozyste démobilisé se reprendrait. Les ministres, les élus, les militants n'avanceraient plus la tête basse vers les municipales comme vers l'abattoir. Ils ont retrouvé leur chef. Un chef dont l'image tout de même est dégradée. Ils s'en rendent compte dans le porte-à-porte : on ne leur offre plus guère à boire, on ne la leur ouvre parfois même plus. On entrebâille, sans aménité. Sarkozy n'est plus un sésame magique. Bien des cœurs se sont refermés…

g22b

Lundi 18 Février 2008 - Nicolas Domenach pour le journal Marianne

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