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Avancer mais à quel prix
3 juillet 2008

Ben c'est vrai quoi !!!

i11cBonjour,

Après la démission du général Bruno Cuche, chef d'État major de l'Armée de Terre, rendue sans doute nécessaire après la bavure inouïe de Carcassonne qui a fait 17 blessés dont quatre graves, il serait tout aussi logique qu’à son tour le Ministre de la Défense offre sa démission à son président, monsieur Sarkozy… et puisque l’on y est et que ce dernier est le chef suprême des Armées, pourquoi ne donnerait-il pas le plus bel exemple qui soit ... en démissionnant à son tour ?

On peut rêver n’est-il pas ???

Samie 

Le Généralissime Sarko contre le Général
La démission du général Bruno Cuche après le drame de Carcassonne était tout, sauf nécessaire. Mais c'était sans compter la volonté présidentielle de faire un exemple populaire.

Le Chef des Armées, c'est lui, Nicolas Sarkozy. Il l'a rappelé ces jours derniers en mettant à ce point la pression sur les plus hautes autorités, que le général Bruno Cuche, chef d'État major de l'Armée de Terre, a démissionné hier. Pouvait-il faire autrement après la bavure inouïe de Carcassonne qui a fait 17 blessés dont quatre graves ? A la vérité, oui.

Ce saint-cyrien respecté de tous aurait pu, à quelques semaines de la retraite bien méritée, ne pas porter le képi, ne pas être tenu pour responsable et coupable d'un tel fait-divers aussi dramatique que circonscrit à une caserne, à un régiment. Il fallait un général émissaire. Mais s'il n'y avait pas eu un fort et brûlant contentieux culturel et politique entre l'Armée et la Présidence, l'exigence d'un sacrifice public ne serait pas remontée si haut. Encore qu'elle ait pu aller au-delà. Car Bruno Cuche, de toute évidence, n'était pour rien dans les dysfonctionnements locaux qui ont conduit un sous-officier prénommé Nicolas… à faire feu sur la foule. Mais si ce chef d'État major a tiré sa révérence, c'est d'abord parce que le Président a réclamé des têtes, et celle du commandant en particulier. Souvenez-vous des engagements présidentiels au lendemain de Carcassonne : «Le bilan est beaucoup trop lourd pour se contenter de dire que c'est la fatalité. Il y a eu des négligences et elles doivent être sanctionnées»… «C'est toute la chaîne qui devra s'expliquer, la personne qui a fait ça, et l'encadrement»… jouant sur l'émotion générale, si l'on ose écrire, sûr et certain d'avoir l'opinion avec lui, Nicolas Sarkozy intervenait devant l'hôpital où étaient soignées les victimes, puis il revenait sur le sujet dans son intervention sur France 3, insistant lourdement, très lourdement, comme s'il fallait faire un exemple populaire !

Cuche paie-t-il l'hostilité de l'armée au Livre blanc?
D'ailleurs, Nicolas Sarkozy avait été très clair, et odieux, avec le commandement militaire lors de son déplacement : il avait pointé le doigt vers les plus hauts gradés les stigmatisant sans même les avoir salués : «Vous êtes des amateurs, vous n'êtes pas des professionnels», leur avait-il lancé… Une insulte pour un chef de guerre qui a toujours mis son honneur à exercer son métier, sa mission, dans un professionnalisme scrupuleux car, selon lui, on ne joue pas avec la vie de ses hommes qui sont exposés sur tous les champs de bataille. «Il s'est senti humilié» : c'est le témoignage de ses proches, des compagnons d'armes mais aussi des troufions anonymes indignés et solidaires, qu'on retrouve dans la presse comme sur Internet, au milieu de dizaines, de centaines de témoignages favorables et de saluts respectueux. Car sa démission a suscité une énorme vague de solidarité et de mise en cause du pouvoir politique. «Morin démission» lit-on, entend-on. «Nicolas Sarkozy vous devriez avoir honte»… «Respect, Honneur à Bruno Cuche … qui en a dans le pantalon (sic !) contrairement à tous ces politiciens». Et la plupart des militaires qui témoignent pour ce grand soldat, affirment qu'il paie d'abord pour l'opposition qui s'est manifestée dans l'armée contre le Livre Blanc sur la Défense. Bruno Cuche, lui-même, a affirmé, il y a plusieurs mois, qu'on «paupérisait l'armée» en supprimant 54.000 postes dans les six à sept ans à venir. Puis il y eut ce texte très critiqué, rédigé par les officiers, publié par Le Figaro et signé d'un pseudonyme collectif «Surcouf» et qui avait favorisé la colère élyséenne au point qu'une enquête a été diligentée par le président en personne qui considère qu'un militaire doit obéir et fermer sa gueule.

Bouton était resté, alors il fallait que Cuche saute
Il faut le reconnaître, Sarkozy n'aime pas le kaki. Il préfère le bleu. La police plutôt que l'armée, contrairement à Chirac le «fana mili» qui adorait échanger, plaisanter, manger, vivre avec les militaires, parler aussi bien de stratégie que de la disposition d'un mortier. L'ancien président avait fait la guerre d'Algérie. Il l'avait aimée ou, plutôt, il avait aimé cette fraternité du combat. Nicolas Sarkozy, lui, était «un planqué» affirment ces pro-Cuche, qui extraient des biographies consacrées au président son service militaire aux petits oignons réservé aux jeunes élus, avec un compagnon, le maire UMP du Raincy, Eric Raoult. Ils rentraient chez eux la nuit sans partager les exigences, les servitudes du casernement. C'est vrai qu'ensuite Sarkozy n'a guère fréquenté les gradés ni même les pousse-cailloux. Oh, certes, ils ont voté pour lui très majoritairement, alors que Ségolène Royal était fille de militaire. Mais ils le regrettent «furieusement», disent-ils. Son côté show-biz, bling-bling, culte de l'argent et de la réussite individuelle, déplaît à cet encadrement souvent catholique, ces «chevaliers du feu», ces «hommes de devoir» qui prônent le culte, eux, du collectif, du sacrifice, de la dignité et de la responsabilité. C'est d'ailleurs l'un des points les plus passionnants qu'ils soulèvent. «Y aurait-il pour nous une éthique élastique de la responsabilité alors que l'irresponsabilité règne partout ailleurs. En particulier au sommet de l'État et dans les domaines économiques ou … sportifs ?». Les exemples d'irresponsables foisonnent, il est vrai, depuis Raymond Domenech jusqu'à Daniel Bouton mis en retraite mais pas à la retraite de la Société Générale, jusqu'aux ministres qui échouent mais ne sont pas sanctionnés, et jusqu'au président qui s'est fait une spécialité, soulignent-ils, de couvrir «ses petits camarades quand ils ont gravement fauté». Il est vrai que Nicolas Sarkozy est toujours resté fidèle à ses proches, à Alain Carignon ou Patrick Balkany, eussent-ils été condamnés par la justice. En politique on considère que cette pratique féodale, ce soutien sans faille à ses camarades en difficulté est une force, mais il faut bien que d'autres paient. Nicolas Sarkozy avait appuyé sur le Bouton en vain. Il fallait que Cuche saute.

Mercredi 02 Juillet 2008  par Nicolas Domenach pour le journal Marianne.

i11c

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